jeudi 28 juillet 2011

Un professeur de finance juge le plan de sauvetage de la Grèce de Juillet: une subvention en faveur des plus fortunés

Ici nous traduisons le billet annoncé dans le titre, daté du 27 Juillet 2011, de Harald Hau (Professeur d’Économie et de Finance, Institut Suisse de Finance, CEPR.

[Décharge : ceci est notre traduction, sans aucune consultation avec l'auteur.]

La semaine dernière, 109 milliards d’euros se sont ajoutés au 110 déjà prévus pour sauver la Grèce. Comment le contribuable de l’euro s'est-il laissé exproprié d’une telle somme par les créanciers (en majorité, les 5% les plus riches de la planète)? Si on fait les comptes, les 21% de provisions demandés au créanciers représentent une faible somme en regard des 109 milliards d’euros du secteur publique, surtout lorsqu’on sait que le marché incorporait auparavant une décote de 50%.

Pourquoi le sauvetage est un mauvais pour le contribuable

Les nouvelles obligations qui seront données aux créanciers en échange des anciennes seront garanties par le Fond de Stabilité Financière de l’Euro. La concession demandée au secteur privé aurait dû être beaucoup plus élevée que les 21%.

Comment l’impôt SUR la fortune s'est fait détrôner par l'impôt POUR la fortune.

Sarkozy a beau jeu de présenter le plan de sauvetage comme un succès. Encore une fois, les 200 milliards d’euros de prêts garantis à la Grèce sont en fait une subvention des créanciers. Qui sont-ils? 70% de la richesse patrimoniale, dans le monde est détenue par les 5% les plus riches. Il s’ensuit que cette répartition est à peu près la même parmi les détenteurs finals (en remontant la chaîne des participations) des  obligations grecques. Ce plan de sauvetage est un impôt POUR la fortune mondiale, en regard duquel, pour la partie française, les 4 milliards d’euros d’impôt sur la fortune sont des miettes.

Pourquoi les français ne se révoltent-ils pas contre ce plan de sauvetage?

Il y a plusieurs raisons. Les principaux acteurs des médias français se croient obligés de ne pas attiser le sentiment anti-européen qui pourrait apporter de l’eau au moulin des courants extrémistes. Malgré, même chez ces médias, le silence est de plus en plus difficile à tenir.

Pourquoi le contribuable se fait-il spolier?

Le défaut de paiement ne s’accompagne pas, comme dans le cas d’une entreprise privée, d’une faillite, c’est à dire d’un dépeçage des actifs que se partagent les créanciers. En principe, les états ont donc un  avantage sur les créanciers. Pourquoi observe t-on que les rôles sont renversés? Les banquiers, aidés par certains médias, ont réussi à faire croire à la fiction que le défaut de paiement aurait pour conséquence une crise bancaire catastrophique. L’ECB se prête allègrement à cette interprétation, en la personne, par exemple, de Lorenzo Bin Smaghi.

Ce type de raisonnement est en partie fallacieux. Il est vrai que le secteur bancaire est le maillon faible, mais ce n’est pas une fatalité : il faut qu’il soit recapitalisé pour qu’il résiste à un défaut de paiement souverain. Si l’état doit y contribuer, il faut qu’il prenne des prises de participations, comme nous l’enseignent les crises de 2007-2009.

Si ça ne se produit pas, c’est que les banquiers ont la main forte dans les négociations. D’abord, les ministères des finances et les autorités bancaires ont un déficit d’information et de compétence par vis à vis de à ce groupe. Deuxièmement, le lobby bancaire est puissant et bien organisé et est capable de dérouter ce genre d’initiatives en amont. N’est-ce pas le comble du favoritisme que, suite à la crise de 2007-2009, il n’y ait pas eu renouvellement des équipes en charges de ces questions?

Les conséquences de ce blocage sont prévisibles. S’adresser aux banquiers sur la meilleure manière de résoudre la crise, c’est comme demander à une grenouille comment assécher la marre dans laquelle elle barbotte. C’est ce qui s’est passé en confiant à l’Institute of International Finance le soin de définir les contours d’un plan de sauvetage. Pourquoi ne pas demander aux fabricants de cigarettes de dicter la politique de santé publique, tant qu’on y est?

La fragmentation politique, en Europe, ne fait bien sûr qu’aggraver le problème. Enfin la BCE est cooptée par l’élite financière. Elle a lourdement entaché sa réputation dans sa manière de faire prévaloir les intérêts des créanciers avant ceux du contribuables et des citoyens.

Et le future?

Compte tenu du déséquilibre des forces condamné dans ce billet, sans volonté politique de le changer, la colère du peuple montera jusqu’au point de rupture.

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